Babel, the World Wide Web

L'exposition du Palais des Beaux-Arts de Lille vaut le détour. Elle nous jète au visage l'allégorie - que nous avons tous plus ou moins clairement à l'esprit - de la tour de Babylone (ziggurat) qu'on retrouve dans l'Histoire de -1700 à nos jours.

Elle est passionnante car elle se retrouve dans la plupart des religions et cultures du berceau méditerrannéen, i.e. du monde moderne. Il devient évident en se promenant entre sculptures, photomontages, gravures et vidéos, qu'elle ne symbolise rien de moins que les civilisations et leurs déclins.
Elle refait surface à chacun de ces tournants historiques, nous rappelant qu'à chaque fois que les hommes s'unissent aveuglément autour d'un système unique, ils finissent par en oublier leurs identités et leurs valeurs, pour devenir ce que David Riesman appelle "la foule solitaire".
Autant d'individus qui ne savent plus vivre ensemble et se comprendre, faute d'avoir su prendre le risque de vivre dans le monde réel ; et non une utopie globale neutralisante.

Je ne peux pas m'empècher de ressentir ces symptômes dans notre société. Ne sommes-nous pas des individualistes allant tous vers une pensée unique, celle de l'argent. À tous parler ce même langage sans autre but que sont propre développement, ne sommes-nous pas en train de reconstruire Babel ?
Nous fuyons notre vide culturel, globalisé à coup de mass média, en empilant autant de billets que possible ; comme les mesopotamiens ont fuit le déluge en empilant les pierres.
Nous avons confondu bénéfice mutuel des savoirs, et intérêts personnels. Nous ne vivons plus ensemble, mais les uns à côté des autres, tous essayant d'atteindre le bout du tunnel que nous construisons sans relâche. Un potentiel accumulé, qui devient du vide parce que nous avons oulié sa signification.

Mais alors quelle est notre tour de Babel ?

Parlant de potentiel devenu vide, la métaphore de la chute du système financier est évidente. Encore il y a peu le film Cosmopolis de Cronenberg l'illustrait très clairement.
Et le language unique ?
Internet, le World Wide Web, il est l'utopie de l'intelligence collective qui devient peu à peu le vecteur de cette pensée unique qu'est le capitalisme consumériste.

Réagissons avant qu'il ne soit trop tard pour bien communiquer, pour vivre ensemble, connectés.